vendredi 5 septembre 2008

L'expérience de la mélancolie - les fantômes de la Cour.


J'ai une grande tendresse pour ces lieux abandonnés par leurs créateurs, voués à la ruine, et qui persistent à vivre quand même dans l'attente - qui sait ? - du retour de ceux qui les ont habités. Ces lieux sont propices à la méditation et à l'expérience de la mélancolie que je crois nécessaire si, historiens que nous sommes, nous voulons rendre à nos oeuvres l'odeur de la chair humaine chère à Marc Bloch.

J'ai retrouvé il y a peu quelques clichés pris à Marly, château construit pour le délassement royal de Louis XIV et de ses proches, et progressivement abandonné pour être détruit au début du XIXe siècle.

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De Marly, rêve du courtisan ambitieux (Sire, Marly, ainsi quémandait-on une invitation au monarque), havre de paix, il ne demeure plus que les fondations qui affleurent, et un site valloné qui laisse deviner les fontaines, les allées et les pavillons.

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Si l'on croit comme Aristote que les pierres parlent à ceux qui les écoutent, il me plait d'imaginer que ces pierres-là attendent de revoir leur maître, et que dans l'intervalle, l'écrin de verdure est l'habit de deuil requis, jusqu'à ce que les fantômes redeviennent des humains.

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Les chevaux de Marly - du moins les remplaçants des originaux...

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L'historien est-il autre chose qu'un agitateur de spectres ?