1. Lu Salammbô, du bon vieux Gustave. D'habitude, Flaubert m'ennuie un peu. Cette fois, il m'a paru très difficile à comprendre. Probablement parce que les événements auxquels il fait référence dans son roman (la guerre des Mercenaires au IIIe siècle avant Jésus-Christ) était quelque chose de bien connu à son époque par les lycéens, alors qu'aujourd'hui plus du tout. Comme beaucoup de choses de l'Antiquité (et du reste), d'ailleurs. Quel est le lycéen capable de ressortir l'histoire des guerres puniques ? Des guerres du Péloponnèse ? de la guerre des Gaules ? de la bataille d'Actium ?
Alors que ça avait forgé tant d'esprits depuis la Renaissance...
2. Les romans d'A. J. Cronin, (La tombe du croisé, Les clefs du royaume, La misère et la gloire, lus ces derniers temps) empruntés plus ou moins par hasard à la bibliothèque. Cronin trônait en bonne place chez mes grands-parents, avec Régine Desforges et les Histoires d'amour de l'histoire de France. Bêtement, j'avais catalogué ça en "trucs pour vieux, vraisemblablement niais et chiant".
En fait, c'est vachement bien. La question de la foi, de la mission et de la conversion y est fort bien posée. Et les personnages, même les plus détestables, y sont toujours superbement réussis.
Avec, en prime, dans La misère et la Gloire, un paragraphe assassin sur les églises nouvellement construites dans la veine du Corbusier. Un type qui avoue ne pas aimer Le Corbusier ("le fada", pour les Provençaux) mérite qu'on s'intéresse à lui.
4. Immense déception : Whatever Works, de Woody Allen. Insupportable aussi bien dans son parti-pris de point de vue (le narrateur qui s'adresse au public), dans ses scènes et ses répliques qui sonnent faux, dans sa morale, dans ses clichés que le cinéaste cherche à démonter pour les remplacer par d'autres clichés crétins (le Wasp forcément super-coincé qui doit forcément devenir homo, sa femme hystérico-mystique qui finit en ménage à trois...). Un final merdique. Rien à sauver, rien de rien. Une daube monstrueuse.
5. Cent Ans de Solitude. Rien que le titre est superbe. Garcia Marquez, que j'ai découvert après avoir vu le film (assez insipide, tout le monde le disait, mais y'avait Javier Bardem) L'Amour au temps du choléra, me fait toujours autant marrer. Les personnages sont tous aussi farfelus les uns que les autres, complètement barrés, tout le monde ou presque couche avec tout le monde dans la joie et la bonne humeur (on relativise bien la fameuse et imaginaire chape de plomb morale de l'Eglise catholique dans les pays hispanophones, d'ailleurs), et au final, on n'échappe pas à la condition humaine : on finit aveugle, seul, fou, attaché à un arbre ou au centre d'un cercle de trois mètres de diamètre dans lequel on est seul à pouvoir entrer.
Dit comme ça, c'est pas joyeux, je suis bien d'accord. Mais ça justifie en soi l'existence du prix Nobel de littérature.
6. Dans les inventaires après décès du XVIIIe siècle, on trouve des fontaines pour se laver les mains à côté des chaises percées. Le progrès en marche.
7. Sur ce, bonne semaine à tous !
J'ai lu tout Cronin, à l'adolescence, ou presque tout. J'aimais beaucoup; puisque el carême arrive, il y a dans Les Vertes Années (je crois) l'histoire d'un petit garçon catholique élevé par des protestants et qui a bien du mal à respecter l'abstinence du vendredi, assez savoureuse.
RépondreSupprimerRégine Desforges, j'en ai essayé un et au secours ! Les dialogues étaient outrés, les descriptions bourrées de clichés et l'intrigue banale.
Cent ans de solitude, je l'ai lu il y a quelques années. Je n'ai pas souvenir que l'église fût si présente dans la vie d'Ursula et Compagnie ?
> Athéna,
RépondreSupprimerpas lu Les Vertes Années, je vais voir s'il est à la bibliothèque, mais je crois qu'ils ont à peu près tout !
Sur Cent Ans de solitude et l'Eglise, justement, c'est bien ce qu'il m'a semblé : en fait on entend très souvent que l'Eglise dans les pays hispanophones bride les gens, les empêche de vivre, pèse de tout son poids pour les culpabiliser, or dans ce bouquin on voit bien que les gens vont à la messe, s confessent, mais vivent très bien comme ça, sans s'embarasser de considérations supplémentaires. Bref l'Eglise pèse très peu sur eux.
Maintenant que j'y pense, j'ai lu ce livre dans le cadre d'une prise de conscience de ma nullité en littérature sud-américaine qui m'a a fait acheter aussi Alejo Carpentier, Fuentes et Jorge Amado : pas trop de présence de l'Eglise non plus; mais ça tient peut-être aux auteurs ou à ces livres-là, je ne les ai pas tous lus
RépondreSupprimerAhhh Cronin. Si tu aimes, il faut lire (Les clés du royaume mais ça, c'est déjà fait) le chapelier et son château... Mes deux préférés.
RépondreSupprimerAu fait, tu as déjà lu des romans de Pearl Buck ?
RépondreSupprimer