mercredi 11 août 2010

Un dernier avant la route (des vacances).

Je suis littéralement avalanchisée de travail en ce moment (et je fais des trucs qui m'étonnent moi-même, notamment préparer des cours sur la bipolarisation du monde au XXe siècle, et trouver ça intéressant) donc peu présente, mais avant de partir en vacances, je ne puis m'empêcher de vous livrer ceci :

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évidemment, c'est à commencer par en bas.




vendredi 6 août 2010

Lectures et notes sur icelles.

- Amis de la BnF (et spéciale dédicace à la Souris des Archives qui y passe ses journées en ce moment), voici LE polar fait pour vous : La Tour des Temps, de Thierry Grillet. Vient de sortir et a l'heur et l'avantage de se dérouler dans les couloirs de la Grande Bibliothèque François Mitterrand - si, vous savez, cette bibliothèque qui ressemble à une plateforme pétrolière au Kazakhstan... L'intrigue en soi n'est pas foncièrement trépidante même si la recette est efficace (des fantômes, des meurtres, un livre de divination du XVe siècle qui disparaît) mais les descriptions des rondes de nuits des vigiles dans les salles de lecture sont vraiment bien fichues. On y parle même des Globes de Coronelli, c'est dire !
Dommage seulement que l'auteur se fiche un peu du monde en n'explicitant pas à la fin un certain nombre d'éléments, mais bon...


- Amis du bon polar américain, le dernier Preston & Child est sorti ! Valse Macabre, de son petit nom. Il est bien évidemment excellent, comme tous les autres, que je vous recommande chaudement si vous vous ennuyez.
Autre excellent polar, Les Visages, de Jesse Kellerman. Une histoire de dessinateur génial disparu en laissant derrière lui une oeuvre dans laquelle on reconnaît les portraits d'enfants assassinés quarante ans plus tôt... le galeriste qui découvre l'oeuvre enquête et c'est, ma foi, plutôt réussi.

Apparté sur les polars. J'en lis beaucoup, et, chose qui paraît souvent étrange à mes interlocuteurs, j'en relis beaucoup également. Inconvénient : à force, on finit par s'agacer de certaines tentations des auteurs, auxquelles ces derniers cèdent un peu trop souvent, surtout ces derniers temps. Parmi lesquelles :
- le recours au flash-back, solution de facilité destinée à faire croire que tout ça est une affaire profondément enfouie, terrifiante, les racines du mal, tout ça. Les deux romans cités ci-dessus (ainsi que beaucoup d'autres dernièrement lus, en particuliers ceux de la suédoise Camilla Läckberg) s'en servent abondamment et paresseusement. À la longue, c'est irritant parce qu'on se dit que c'est pour les auteurs un moyen facile de contourner la difficulté qu'il peut y avoir à relater la découverte de certains éléments du passé qui jouent dans l'affaire à résoudre. En gros, c'est au lecteur de se démerder pour comprendre comment tout ça est lié et comment l'enquêteur fait le lien. Moi je dis, c'est juste de la flemme d'écrivain.
- la tendance à tout ramener à un passé en général sordide, avec inceste, pédophilie, homosexualité ou Shoah - si vous avez réuni les quatre, vous gagnez une boîte de Smarties. Le plus triste étant que manifestement, l'auteur est super fier d'avoir trouvé le truc, alors qu'il n'est qu'un de plus dans la longue lignée. Encore que Thierry Grillet, lui, fasse l'effort de se rattacher certes à la Shoah, mais à un épisode assez peu connu, à savoir l'existence du camp de prisonniers juifs tout proche de la gare d'Austerlitz, destiné au triage des objets issus du pillage des biens des juifs. J'imagine que tout ça est destiné à rajouter une dose de tragique, mais l'effet de mode est légèrement crispant à la longue.

Fin de l'apparté. Notez seulement que Preston & Child ne tombent pas dans ces pièges, ce qui prouve la supériorité de leurs thrillers, quand même.


- Loin de la foule déchaînée, de Thomas Hardy. Objectivement, je me suis un peu ennuyée. Moins que dans Jude l'Obscur où là, j'avais surtout envie de balancer des claques à cette grosse pouffe de Sue et à Jude-la-lavasse ("oh marions-nous ! - oh non ! - oh si ! - je vais en épouser un autre - ok - ah mais finalement je le quitte - oh marions-nous ma chérie ! - bon mais à la mairie seulement - non finalement à l'église seulement - oh puis finalement ne nous marions pas - oui ma chérie ! - je ne sais pas ce que je veux et je suis une chieuse" - on avait compris, merci). Loin de la foule déchaînée - j'ai pas bien compris l'intérêt du titre vu qu'il n'y a ni foule ni déchaînement, même éloigné, c'est Autant en emporte le vent, sauf que la fille est moins piquante et que ça finit bien. Et que ça se passe en Angleterre donc il n'y a pas de guerre de Sécession.


- Les Grandes Espérances, de Charles Dickens. J'aime beaucoup Dickens en général. Dommage que le récit soit ici un peu plus en roue libre qu'ailleurs (David Copperfield ou Oliver Twist) mais manifestement, Dickens s'est bien plus amusé à décrire des personnages tous plus farfelus les uns que les autres.


- Les Thibault, de Roger Martin du Gard. Grosse révélation. Emprunté à la bibliothèque en me disant que "au moins, maintenant, je saurai ce qu'il y a dedans au lieu d'en parler sans l'avoir lu, comme en classe prépa", je l'ai lu d'une traite en une semaine. Lecture éprouvante, notamment le livre sur La mort du père, mais aussi l'été 1914 et la fin du bouquin, long journal de l'agonie d'un homme gazé pendant la guerre. Dommage que le récit de l'été 1914 soit plombé par les loooooooongues considérations et dialogues entre socialistes grand teint (pur jus, ne rétrécissant pas au lavage) sur l'Internationale et le refus de la guerre, mais dans ce cas-là, j'ai une technique infaillible : je saute des pages jusqu'à ce que le blabla se termine et qu'on repasse aux choses sérieuse.
Ce qui m'a amusée, c'est de me dire qu'à 15 ans, j'aurais de loin préféré le personnage de Jacques, l'enfant terrible, le rebelle, le socialiste, le pacifiste, l'amoureux torturé. Là, il m'a surtout semblé pénible et extrêmement prétentieux, finalement, tandis que j'ai été profondément touchée par le personnage d'Antoine, le médecin athée, rationaliste, dévoué à sa cause, terriblement humain. Le passage où Antoine dialogue avec l'abbé Vécard sur la question de la foi est un très, très grand moment dont je reparlerai probablement.


Voilà ! Si vous avez des idées - sachant que je ne lis pas d'essais (je lis assez de machins sérieux comme ça dans mes journées) et qu'il me faut des trucs longs qui me durent plus qu'une soirée... je suis preneuse ! et merci d'avance :)