mercredi 1 juillet 2015

Lorsque l'enfant grandit...


"J'ai regardé, impuissante, mon enfant s'éloigner [...]. J'ai compris cette douleur à laquelle Dieu avait condamné les femmes depuis la chute. L'enfantement n'était pas seulement une torture physique, mais une peur attachée comme une pierre à une joie intense. Les mères savaient la mort déjà à l'oeuvre dès le premier souffle de leur enfant, comme accrochée à leur chair délicate. Souviens-toi que tu es poussière ! 
J'avais encore son parfum sur les mains, la douceur de sa peau au bout de mes doigts, l'empreinte de sa tête sur mon épaule. La peau fine de mes seins, où toutes mes humeurs se déversaient soudain par jets, allait se déchirer comme tissu, mon être éclaterait bientôt tant mon corps débordait de tendresse et de lait. O ce vide en mes bras comme un creux en mon âme !".


Carole Martinez, Du domaine des Murmures, 2011. 



lundi 15 juin 2015

Distractingly sexy.

A vrai dire, je me fous un peu de l'avis de Tim Hunt sur la place des femmes dans les laboratoires. Dans les sciences humaines, de toute façon, on n'est pas concerné par les laboratoires, vu qu'on préfère draguer à la BnF. 
Pour ceux qui n'ont pas suivi l'affaire, Tim Hunt c'est un nobélisé qui voudrait qu'hommes et femmes fussent séparés dans les laboratoires, parce que ça fait  des histoires de fesses et que les femmes ne font que pleurer. Soit. En attendant, les réactions sur Twitter et la petite vidéo ci-dessous m'a bien fait marrer.




Et, heu, Tim Hunt, t'aurais mieux fait de la boucler ce jour-là. M'enfin, de même qu'on trouvera bien des vers ratés chez Racine, de même, on a le droit d'avoir l'humour naze, parfois. 


lundi 8 juin 2015

Back to Alexandria.


Aucune idée de pourquoi, en cherchant un titre parlant de retour, je repense à l'incipit du quatrième volet du Quatuor d'Alexandrie. Dont je n'ai retenu que le début, parce que la description était réussie sans doute. On va dire ça, vu que je n'ai aucun, aucun souvenir du bouquin. Ce qui n'est pas très bon signe.


Ma dernière publication remonte à presque un an. Il faut dire que je ne me suis guère ennuyée ces derniers mois, entre la thèse à boucler, les colles en prépa, les montagnes de copies du lycée qui pourrissent sur mon bureau, les héritiers qui s'accrochent à mes jambes ou se bastonnent pour la même petite voiture (alors qu'on en a bien trois millions à la maison et qu'il leur faut la même). 

Je suis vidée. Ravie d'avoir soutenu, ravie d'avoir mené à bien ce projet de dix ans de vie, mais vidée. Les cours au lycée ne sont pas finis, notez, et j'ai encore une bonne petite centaine de croquis de géo (amateurs de la Northern Range, ne vous abstenez pas, venez corriger à ma place) (vous verrez comme c'est cool la géographie) (si). 

- J'ai eu de grands fous-rires (notamment la fois où les premières S ont cru dur comme fer que j'étais sérieuse en disant que bien sûr, je note à la tête du client.
- J'ai eu de grands moments de lassitude (quand Stayssi, en seconde de l'angoisse, vient demander du papier toilette sinon je vais faire pipi dans ma culotte madaaaaaaaaame). Ou quand Jessyfer de la même classe note que Napoléon a une couronne de lauriers (BIEN) parce qu'il a vécu au temps de Jules César Madaaaaaaaaaame ? (non) 
- J'ai eu des coups de sang (quand le conseil de classe de la seconde de l'angoisse commence par un "bah, t'façon, on peut pas en faire redoubler 20 comme ça hein, donc Charles-Kévin et Paul-Kévin passeront en première ES avec 2,37 de moyenne" alors qu'honnêtement, les deux bons tiers de la classe n'ont pas le niveau quatrième)
- J'ai eu des instants de grâce (quand Jean-Kévinou de première S arrive à se rappeler qu'on a parlé du scandale de Panama six mois plus tôt) (et qu'il s'en souvient) (en revanche il met deux N à Panama, le petit sacripan) (bon, je l'ai étripé juste derrière parce qu'il le plaçait sur le canal de Suez, le petit sapajou).
- J'ai eu des moments de légère confusion : Madaaaaaaaaaame on a tous voté pour vous pour le prix d'élégance du lycée!!!! moi : gni ? Ouiiiii, parce que vous êtes toujours en robe et que vous mettez pas de baskets. Ah. Bon. J'eusse préféré qu'on louât la qualité de mes cours, m'enfin soit.
-J'ai eu des moments de toute puissance : Madaaaaaaame vous êtes trop méchante, vous voulez jamais qu'on parle en cours. Oderint dum metuant, etc.

Bref, j'ai vécu une année au lycée.