lundi 29 octobre 2012

R.I.P.




Du temps que j'allais aux Archives nationales, je passais tous les jours rue Michel Le Comte. Coin du Marais à la fois prestigieux si l'on en juge par le prix des loyers, et plein de ces agaçantes boutiques de prêt-à-porter de mauvais goût et d'accessoires cheap vendus en gros par des boutiques tenues par des Chinois.

Au coin d'une de ces boutiques spécialisées dans le commerce des montres clinquantes qui ne fonctionnent jamais, s'était installé un clochard qui y avait posé son matelas, ses duvets, un caddie, un fauteuil, des sacs plastiques. Il passait le gros de ses journées à boire des canettes de bières premier prix. La journée est longue quand on n'a rien à faire sinon attendre.

Il y a deux semaines, en passant à l'aller, sur le coup, je n'ai pas fait attention. Au retour, si. Le coin était vide. Nettoyé. Sans fourbi. Juste une feuille collée au mur, qui informait du décès de cet homme mort, je crois, d'un arrêt cardiaque. Les funérailles étaient payées par une quête faite dans le quartier et tout un chacun était invité à venir au crématorium du Père-Lachaise pour saluer une dernière fois Florian


Il a fallu qu'il soit mort pour que je connaisse le prénom de cet homme que je croisais tous les jours. 
Il a fallu qu'il soit mort pour que l'on se cotise afin de lui payer un endroit où s'abriter. 

Il y a des fois où l'on se sent assez minable. 




mercredi 24 octobre 2012

V pour Vous vous foutriez pas un peu du monde ?



Je suis d'un naturel plutôt conciliant, je reconnais volontiers mes torts (sauf quand mon mari souligne ma tendance au bordélisme, faudrait voir à pas déconner non plus). Du coup, quand je dis que tel auteur m'est tombé des mains et qu'on me dit que ah mais non, t'as pas lu le bon truc, je veux bien essayer une seconde fois. 

Aussi, après l'insupportable et logorrhéique From Hell, me suis-je attaquée à V pour Vendetta, du même Alan Moore. Je n'ai aucun mérite, il était en tête de gondole à la bibliothèque, j'ai même pas eu à le chercher. Le soir même, fringante, j'ai voulu le lire. Malheureuse. 

Je ne peux même pas dire ce que j'ai le plus détesté. Le dessin, hideux, pâteux ? Les couleurs criardes, l'omniprésence d'un jaune couleur canari cradingue ? Les personnages, assez mal dessinés pour qu'il soit la plupart du temps impossible de les reconnaître d'une case à l'autre (ce qui est très énervant) ? L'histoire à deux balles d'une Angleterre où les nazis ont pris le pouvoir ? Un héros dont on n'a pas trop bien compris en quoi il était héroïque (oui, bon, il fait exploser les Houses of Parliament pour faire chier les nazis du pouvoir) ? L'insupportable maniérisme qui consiste à faire commencer chaque titre de chapitre par la lettre V (j'ai noté, il manquait villégiature, vishnou, vademecum, Van der Meulen, viandox) ?  L'héroïne un peu amoureuse du héros mais pas trop en fait ah bah si mon bourreau mon héros je t'aime ? 

En plus, dans le film, y'avait même pas Johnny Depp à poil dans la baignoire, mais Natalie Portman avec le crâne rasé.

Sérieux, quoi.