vendredi 12 avril 2013

Ce qui peut se cacher derrière une biographie de Bossuet.


L'autre jour, je lisais une biographie de Bossuet. Qui est un type intéressant, connu essentiellement sur la « réacosphère » pour avoir pondu l'inoxydable « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », scie que l'on retrouve à peu près partout à n'importe quel sujet, c'est un peu le point Godwin de la philosophie à deux balles. D'ailleurs, je me demande si, parmi tous ces blogs, il y en a qui sont capables de me citer une autre phrase de Bossuet, et Dieu sait s'il y en a des mieux – le prince de Condé à Rocroy, c'est quand même d'un autre calibre, mais passons.

Bref, sinon, Bossuet est un type intéressant, d'abord parce qu'il a vécu assez vieux, puis très vieux, donc qu'il a vu plein de choses. Ensuite, c'est un animal théologico-politique assez fascinant. L'auteur de la biographie expliquait comment le bonhomme, après s'être roulé dans le gallicanisme en poussant des cris de bonheur dans les années 1660, avait fini dans ses vieux jours par se jeter dans l'ultra-montanisme et dans l'anti-jansénisme forcené. Pourquoi ? Par conviction peut-être (après tout, y'a que les imbéciles qui changent pas d'avis, et pour le coup personne ne dira que Bossuet était un imbécile). Par envie de se remettre en selle, surtout, à un moment où il commençait un peu à taper sur les nerfs de Louis XIV, mais aussi du pape, et de tout le monde en général (car il était un peu pénible, quand même). Bref, histoire de faire parler de lui en bien.

Tout ça m'a fait penser à quelque chose qui me turlupine depuis quelques jours, à propos des dernières convulsions du mouvement anti-mariage entre personnes de même sexe.

Aussi loin que mes souvenirs remontent, Frigide Barjot, j'en ai entendu parler la première fois parce qu'avec son mari, l'innénarrable Basile de Koch, elle était régulièrement invitée à la Fureur du Samedi Soir, la gentillette émission d'Arthur où des personnalités du PAF venaient faire du karaoké. Ensuite ? Ensuite, c'est l'égérie de l'honorable mouvement Touche pas à mon pape, visant à défendre dans l'opinion les propos de Benoît XVI scandaleusement déformés du reste par les média. Et puis, plus rien d'autre, et franchement, rien ne prouve que le monde ait raté grand-chose (n'est pas Bossuet qui veut).

Soit. Mais... Quand même....

Je veux dire, quand la pasionaria du mouvement, à connotation massivement catholique-conservateur, est une nana dont le nom de scène est Frigide Barjot (qu'est-ce qu'on se marre), et dont l'un des tubes (...) est intitulé Fais-moi l'amour avec deux doigts... Qui tient plus de la demi-mondaine sur le retour ? 
Même pour rire (et c'est pas bien drôle, du reste) : ça rime à quoi ? C'est une blague, en fait ? Ou alors elle n'a vraiment trouvé que ça pour faire parler d'elle ? Elle manque tant que ça de notoriété ou de fric ? C'est la crise de la cinquantainte ?

Enfin. Comme disait le philosophe contemporain, Est-ce que ce monde est sérieux ?