L'autre jour, je lisais une biographie
de Bossuet. Qui est un type intéressant, connu essentiellement sur
la « réacosphère » pour avoir pondu l'inoxydable « Dieu
se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les
causes », scie que l'on retrouve à peu près partout à
n'importe quel sujet, c'est un peu le point Godwin de la philosophie
à deux balles. D'ailleurs, je me demande si, parmi tous ces blogs,
il y en a qui sont capables de me citer une autre phrase de Bossuet,
et Dieu sait s'il y en a des mieux – le prince de Condé à Rocroy,
c'est quand même d'un autre calibre, mais passons.
Bref, sinon, Bossuet est un type
intéressant, d'abord parce qu'il a vécu assez vieux, puis très
vieux, donc qu'il a vu plein de choses. Ensuite, c'est un animal
théologico-politique assez fascinant. L'auteur de la biographie
expliquait comment le bonhomme, après s'être roulé dans le
gallicanisme en poussant des cris de bonheur dans les années 1660,
avait fini dans ses vieux jours par se jeter dans l'ultra-montanisme
et dans l'anti-jansénisme forcené. Pourquoi ? Par conviction
peut-être (après tout, y'a que les imbéciles qui changent pas
d'avis, et pour le coup personne ne dira que Bossuet était un
imbécile). Par envie de se remettre en selle, surtout, à un moment
où il commençait un peu à taper sur les nerfs de Louis XIV, mais
aussi du pape, et de tout le monde en général (car il était un peu
pénible, quand même). Bref, histoire de faire parler de lui en
bien.
Tout ça m'a fait penser à quelque
chose qui me turlupine depuis quelques jours, à propos des dernières
convulsions du mouvement anti-mariage entre personnes de même sexe.
Aussi loin que mes souvenirs remontent,
Frigide Barjot, j'en ai entendu parler la première fois parce
qu'avec son mari, l'innénarrable Basile de Koch, elle était
régulièrement invitée à la Fureur du Samedi Soir, la
gentillette émission d'Arthur où des personnalités du PAF venaient
faire du karaoké. Ensuite ? Ensuite, c'est l'égérie de
l'honorable mouvement Touche pas à mon pape, visant à
défendre dans l'opinion les propos de Benoît XVI scandaleusement
déformés du reste par les média. Et puis, plus rien d'autre, et
franchement, rien ne prouve que le monde ait raté grand-chose
(n'est pas Bossuet qui veut).
Soit. Mais... Quand même....
Je veux dire, quand la pasionaria du
mouvement, à connotation massivement catholique-conservateur, est
une nana dont le nom de scène est Frigide Barjot (qu'est-ce qu'on se
marre), et dont l'un des tubes (...) est intitulé Fais-moi
l'amour avec deux doigts... Qui tient plus de la demi-mondaine sur le retour ?
Même pour rire (et c'est pas bien
drôle, du reste) : ça rime à quoi ? C'est une blague, en
fait ? Ou alors elle n'a vraiment trouvé que ça pour faire
parler d'elle ? Elle manque tant que ça de notoriété ou de
fric ? C'est la crise de la cinquantainte ?
Enfin. Comme disait le philosophe
contemporain, Est-ce que ce monde est sérieux ?