samedi 21 mars 2009

L'expérience de la mélancolie - Charles d'Orléans.

En feuilletant mon exemplaire des poèmes de Charles d'Orléans, j'y ai retrouvé avec un plaisir tant poétique que patriotique, un très beau rondeau, que je n'ai jamais vu, curieusement, cité par les blogs de la "réacosphère". Allez comprendre.

Je ne trouverai pas de mots aussi sensibles que ceux de ce captif, fait prisonnier par les Anglais à Azincourt, attendant vingt-cinq ans qu'on veuille bien lui payer sa rançon afin qu'il puisse revoir les siens. Plutôt que la lettre de Guy Moquet, revenons à Charles d'Orléans.

En regardant vers le pays de France,
Un jour m’advint à Douvres sur la mer
Qu’il me souvint de la douce plaisance
Que soulois au dit pays trouver ;
Si commençai de cœur à soupirer,
Combien certes que grand bien me faisoit
De voir France que mon cœur aimer doit.

Je m’avisai que c’était nonsavance
De tels soupirs dedans mon cœur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner.
Pour ce tournai en confort mon penser,
Mais non pourtant mon cœur ne se lassoit
De voir France que mon cœur aimer doit.

Alors chargeai en la nef d’Espérance
Tous mes souhaits, en leur priant d’aller
Outre la mer sans faire demeurance
Et à France de me recommander.
Or nous donn’ Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc aurai loisir, mais qu’ainsi soit,
De voir France que mon cœur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser ;
Destourbé m’a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cœur aimer doit.

lundi 16 mars 2009

La connerie du jour : est nominé Le Monde

... pour un article sur la possible "origine africaine de Cléopâtre".

Parce que vous comprenez, jusqu'à présent, les historiens idiots, racistes et obscurantistes avaient l'outrecuidance de souligner les origines grecques (les Lagides, d'origine macédonienne) de la reine au destin tragique. Le Monde dit même que dans l'opinion générale, Cléopâtre était une européenne. Sans se douter de la profonde bêtise qu'il y a à employer ces termes. Pour l'époque, le problème, c'était d'être un barbare ou pas. On s'en foutait d'être européen.

Or, selon Le Monde, qui s'en roule par terre de bonheur, on aurait prouvé par le squelette de sa soeur, que Cléopâtre avait du sang africain dans les veines.

Et manifestement, ça change beaucoup de choses.

J'aimerais bien savoir quoi.

D'abord, parce que je croyais que les races n'existaient pas, que ça ne changeait rien d'être blanc ou noir ou rouge et jaunes à petits pois.

Ensuite, parce qu'il suffit de lire un tant soit peu les textes anciens (mais je soupçonne un bon paquet de journaleux d'avoir une culture du niveau d'un pot de yaourt) pour comprendre que les "harems" de ces braves gens étaient plein de femmes de différentes origines, métisses, noires, blanches, de tous les horizons. Donc s'émerveiller des potentielles origines africaines de Cléopâtre me paraît relever de l'intérêt de l'invention de l'eau tiède.

Et troisièmement, putain de merde, il faudrait piger que ce qui fait un individu, c'est sa culture, celle à laquelle il choisit d'appartenir. Ergo, arrêtez de nous gonfler avec les origines biologiques des gens. Ergo, Le Monde est victime de ce putain de déterminisme à deux roubles.

Ergo, je soupçonne Le Monde de vouloir nous péter les noix en nous refaisant le coup du métissage-qui-améliore-les-races, ce qui fleure bon la connerie, l'eugénisme et la bien-pensance.