samedi 21 mars 2009

L'expérience de la mélancolie - Charles d'Orléans.

En feuilletant mon exemplaire des poèmes de Charles d'Orléans, j'y ai retrouvé avec un plaisir tant poétique que patriotique, un très beau rondeau, que je n'ai jamais vu, curieusement, cité par les blogs de la "réacosphère". Allez comprendre.

Je ne trouverai pas de mots aussi sensibles que ceux de ce captif, fait prisonnier par les Anglais à Azincourt, attendant vingt-cinq ans qu'on veuille bien lui payer sa rançon afin qu'il puisse revoir les siens. Plutôt que la lettre de Guy Moquet, revenons à Charles d'Orléans.

En regardant vers le pays de France,
Un jour m’advint à Douvres sur la mer
Qu’il me souvint de la douce plaisance
Que soulois au dit pays trouver ;
Si commençai de cœur à soupirer,
Combien certes que grand bien me faisoit
De voir France que mon cœur aimer doit.

Je m’avisai que c’était nonsavance
De tels soupirs dedans mon cœur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner.
Pour ce tournai en confort mon penser,
Mais non pourtant mon cœur ne se lassoit
De voir France que mon cœur aimer doit.

Alors chargeai en la nef d’Espérance
Tous mes souhaits, en leur priant d’aller
Outre la mer sans faire demeurance
Et à France de me recommander.
Or nous donn’ Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc aurai loisir, mais qu’ainsi soit,
De voir France que mon cœur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser ;
Destourbé m’a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cœur aimer doit.

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