mercredi 1 juillet 2015

Lorsque l'enfant grandit...


"J'ai regardé, impuissante, mon enfant s'éloigner [...]. J'ai compris cette douleur à laquelle Dieu avait condamné les femmes depuis la chute. L'enfantement n'était pas seulement une torture physique, mais une peur attachée comme une pierre à une joie intense. Les mères savaient la mort déjà à l'oeuvre dès le premier souffle de leur enfant, comme accrochée à leur chair délicate. Souviens-toi que tu es poussière ! 
J'avais encore son parfum sur les mains, la douceur de sa peau au bout de mes doigts, l'empreinte de sa tête sur mon épaule. La peau fine de mes seins, où toutes mes humeurs se déversaient soudain par jets, allait se déchirer comme tissu, mon être éclaterait bientôt tant mon corps débordait de tendresse et de lait. O ce vide en mes bras comme un creux en mon âme !".


Carole Martinez, Du domaine des Murmures, 2011. 



1 commentaire:

  1. Ils sont encore là j'imagine... Revenu à la maison pendant un an, le petit dernier est enfin parti... et j'ai beaucoup de mal à m'y faire. Nos cigarettes en fin de repas pour discuter bouquins ou Internet, le fait d'aller à l'église ensemble...
    et oui, le souvenir du bébé dans les bras, ça ne s'efface pas

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Soyez gentils, faites l'effort de signer votre message - ne serait-ce que dans le corps d'icelui, si vous ne voulez pas remplir les champs destinés à cet effet - c'est tellement plus agréable pour ceux qui les lisent...