mercredi 1 février 2012

L'autre jour, on a décidé avec l'Epoux de regarder Inception. Le DVD trônait (traînait ?) depuis des semaines (peut-être même des mois, d'ailleurs) sur l'étagère des "trucs à voir un jour" et il me faisait un peu pitié, tout seul, là, abandonné. Et puis, à ce qu'on nous avait dit, ça valait le coup de le voir, vraiment, je te jure, c'est un film hyper ambitieux, si, le réalisateur a voulu faire quelque chose de nouveau, le scénario est ambitieux, vraiment.

Bon.

Alors c'est vrai que certaines choses valent le détour dans ce film - Leonardo DiCaprio, par exemple, qui vieillit plutôt bien. Sinon, il y a à peu près tout ce que je déteste dans le cinéma :

- un début à trois mille à l'heure, où il faut attendre la fin du premier quart d'heure pour piger un tant soit peu qui est qui, pourquoi, où et comment. Très facile à faire, il suffit d'enchaîner les scènes sans liens entre elles et surtout, de faire parler les acteurs trop vite et dans leur barbe.

- l'abus de flashbacks (plus d'un par quart d'heure, c'est définitivement trop).

- Marion Cotillard

- un réalisateur qui tient vraiment à montrer qu'il ne fait pas n'importe quel film, là, hein, il a de l'ambition. Alors il use et abuse du ralenti.

- les cartes postales éhontées : une p'tite scène au Japon dans un décor japonisant (avec des paravents finement peints), une p'tite scène à la montagne (genre j'ai eu des crédits pour tourner dans la neige, alors j'vous mets de la neige, vous ne m'en voudrez pas hein ?), une p'tite scène dans un hôtel de luxe avec des ascenseurs qui font ding !.

- le comble de l'horripilant, les fins "en suspens", ouh là là comme je suis trop malin (et ambitieux), je laisse le spectateur décider de lui-même si lui ou non le héros a réussi ou pas sa mission. Et puis j'ai pas eu assez de sous pour finir de payer le scénariste, vous m'excuserez.


Et puis il y a le scénario à la noix : je vous la fais courte, un industriel japonais (méchant mais en fait un peu gentil, c'est toujours comme ça dans les films ambitieux qui refusent de se complaire dans le cliché) demande à un "extracteur" (comprenez, un type - c'est Leonardo - qui fait de l'espionnage industriel, mais dans les rêves des gens, et c'est vachement compliqué) de l'aider à saboter l'empire industriel de son concurrent. Moyennant quoi il l'aidera à revoir ses gosses qu'il n'a plus vu depuis qu'il a dû quitter les Etats-Unis après avoir été injustement accusé du meurtre de sa femme (c'est Marion Cotillard et c'est trop long de vous raconter comment elle est devenue cinglée).
Et donc, pour foutre en l'air les affaires du concurrent, Leonardo doit implanter dans la conscience d'icelui l'idée de saboter lui-même son empire industriel, dont il vient d'hériter en s'appuyant sur les déplorables relations qu'il avait avec son père (qui vient de mourir).

Et donc pour ça, il faut entrer dans un rêve dans un rêve dans un rêve dans un rêve, faire semblant d'enlever le concurrent du japonais, se faire tirer dessus à tout bout de champ, aller faire du ski pendant une tempête de neige, affronter un ouragan, mourir pour de faux (mais quand même un petit peu pour de vrai), et d'autres trucs horribles comme écouter du Edith Piaf. Jusqu'à ce que le concurrent du japonais finisse par aller faire le beatnik sur une plage et laisse tomber les affaires. Et le héros retrouve sa famille à la fin. Tout le monde est content.

Cela dit, vu le pognon que semblait avoir le japonais, j'ai pas bien compris pourquoi il fallait absolument se faire autant suer pour obtenir un résultat qu'il aurait aussi bien pu atteindre en corrompant tranquillement l'entourage de son concurrent, ou en lui dépêchant deux ou trois mafieux pour le descendre.

A moins que ça ne soit ça, précisément, qui fait qu'un film est ambitieux. Moi, je ne suis pas à la hauteur.







7 commentaires:

  1. Je vous trouve un peu dure sur deux points:

    -Marion Cotillard: même s'il est vrai qu'elle n'a pas grand chose à faire (pas la plus grosse interprétation), elle joue simple et bien, et elle rend son personnage vraiment inquiétant. On retient son souffle quand on la devine proche, attendant de voir les conséquences d'une éventuelle apparition.

    -Pour les cartes postales: je peux comprendre le reproche. Mais mince ce film est esthétiquement magnifique! Il est rare de voir chaque scène aussi travaillée (retouchée??).
    Je m'en étais fais la réflexion pour le film
    Apocalypto et Revolver, pour ne citer qu'eux.


    Pour la fin en queue de poisson, j'irai plus loin que vous. Ca pue tellement le je-laisse-la-porte-ouverte-au-cas-où-j'ai-besoin-de-tunes-je-sortirai-la-suite...

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  2. La vache !
    T'as vachement bien compris le film. Mieux que moi en tous cas. Rien pigé. Détesté. Un gros navet plein de sous, c'est tout ce que j'aurais pu en dire.
    Mais je n'ai pas ton talent.

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  3. > M. Nice Guy,

    Je n'ai pas vu les deux films dont vous parlez. Sur le travail de l'image, oui, c'est entendu, c'est trrrrèèèès travaillé, très léché, très réussi. Mais un peu trop. Je veux dire, les scènes de ralenti dans la camionnette, par exemple, ça va une fois, deux fois, trois fois, mais plus ça devient insupportable. La scène dans la neige (on n'a pas bien compris ce qu'ils foutaient là, d'ailleurs, mais bon), ça s'éternise vingt minutes quand trois auraient été suffisantes. Ne parlons pas de l'ascenseur que l'autre n'en finit pas de détacher...

    Une suite ?
    Ah non, pitié...


    > Halio,

    Peut-être pas un gros navet, il y a de l'idée tout de même - et puis Leonardo Dicaprio qui fait tout ce qu'il peut.

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  4. Je suis épatée que vous ayez si bien compris le film. Personnellement je me suis endormie au bout d'un quart d'heure (pour ma défense, I* était touite petite et les nuits c'était pas encore ça) alors je n'ai rine compris. L'avantage c'est que maintenant je n'ai plus besoin de le revoir, votre résumé me suffit amplement.

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  5. Ça me rappelle Jason Burne volume 1, une esthétique de jeux vidéos interdite aux plus de 18 ans, forcément ça laisse du monde à l’entrée. A la fin du film on se demande toujours de quoi traite exactement l’opus qu’on vient de voir, à quoi servent les acteurs, s’il est vraiment nécessaire de mettre tant d’argent dans tant de vacuité, sinon vous noterez l’extrême subtilité du réalisateur qui place dans un même film Marion Cotillard et une chanson de Piaf, un lien hypertextuel de ouf, en fait.

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  6. > M* :

    Oui pas la peine de le revoir, ça ne vaut pas le coup. Vraiment pas :)


    > Memento mouloud,

    ça doit être la marque des films Ambitieux avec un grand A. Et oui, le lien Cotillard-Piaf, franchement, c'était tellement énorme que c'en devenait ridicule.

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  7. Juste pour la défense du réalisateur, le lien n'est pas fait exprès, le scénario datant de 10 ans, le choix de la chanson de Piaf a été fait avant la Môme. Nolan a décidé de la garder quand même après avoir choisi Cotillard.

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