mercredi 10 février 2010

Quelques brèves, histoire de.

1. Peu d'activité bloguesque en ce moment. L'une des dames se remet de son dépassement du quart de siècle, l'autre essaie de déménager et vit présentement dans des cartons (pour les fans de Manu Larcenet, vous voyez les cartons dans Le Retour à la terre ? Ben voilà), sans internet (freebox renvoyée), et en plus toujours censée fournir un travail en échange de sa rémunération. Bref, s'pas l'moment.

2. Terminé Le Pavillon des Cancéreux, de Soljenitsine. C'est pas rigolo-rigolo comme bouquin, comme le titre semble l'indiquer, mais le tableau de la Russie dans les années qui suivent la mort de Staline, est tout bonnement sidérant. Tout le monde y passe : les relégués, les déportés, le racisme envers les Allemands russifiés, les femmes seules privées de leur amour par la guerre, les dénonciations, l'angoisse quotidienne, le rationnement, le pseudo-féminisme soviétique, la bonne conscience de classe des riches fonctionnaires très progressistes mais dont l'angoisse est que fiston épouse une fille pauvre...
Toute l'histoire de l'URSS, en mieux que dans un manuel d'histoire.
J'en suis sortie assez sonnée.


3. Terminé aussi Les fiancés, de Manzoni (commencé il y a plus de deux ans). J'ai dû passer un cap, parce qu'avant j'aimais bien la littérature romanesque à bons sentiments, mais là, je me suis considérablement ennuyée. Et vazy que le très très méchant meurt de la peste (sans se repentir, le vilain), vazy que le moins méchant se convertit à peine il tombe sur un saint qui se balade par là, vazy que les gentils sont très très très gentils et même qu'ils triomphent de tous les méchants à la fin.
Beuh.
Bon, en fait, il paraît qu'à l'époque, c'était aussi drôlement subversif du point de vue politique, parce que la vision des méchants soldats de la guerre de Trente Ans, ça faisait drôlement penser aux vilains autrichiens qui occupaient le nord de l'Italie au XIXe siècle. Allez, va pour le subversif à l'époque.
Mais bon, c'est plus l'époque.


4. Entendu l'autre jour à la radio que la burka, c'est vilain parce qu' "en France on montre son visage, ses cheveux". Ah bon.
Je me souviens que j'avais une grand mère pour qui il était hors de question de sortir "en cheveux", comprenez sans chapeau.
Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, les femmes portaient le chapeau à voilette et les hommes le chapeau et le haut col, qui ne sont pas les fringues les plus à même de dévoiler la forme de vos oreilles.
Je me souviens que dans à peu près toute la littérature d'avant les années 50, il est courant de voir des femmes et des hommes qui dissimulent leur visage pour aller dans la rue (les masques vénitiens, c'est pas juste du folklore).
Je me souviens que dans l'ancienne France, on se déplaçait en chaise à porteur avec rideaux, parce que justement, les gens de qualité ne se montraient pas au tout venant.

Finalement, c'est un peu comme les hystériques qui vous expliquent que la messe progressiste, c'est vilain parce que les jeunes gens se reluquent mutuellement au moment de donner la paix du Christ : à quoi je réponds d'un air impavide que s'ils ouvraient un bouquin de temps à autres, ils verraient que depuis que la littérature française existe (et ça en fait, des siècles), la messe est un haut lieu de drague pour les jeunes en mal d'âme soeur.

Ce qui est drôle avec les donneurs de leçons, c'est leur manque de recul. "De tout temps, on a fait ça". Oui, non, ça dépend, faut voir. Faut réfléchir, aussi, ça fait toujours du bien et ça fait dépenser des calories, c'est toujours ça de pris.


5. Allez zou, un café et retour à la thèse, bon mois de février à tous !

10 commentaires:

  1. Bon courage à vous.

    Pour le Pavillon des cancéreux, je l'ai lu vers 18 ans (ainsi que Le Premier Cercle, dans la foulée) : il faudrait bien que je retourne y voir, tiens...

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  2. "La messe est un haut lieu de drague".

    Non, pas la messe. Le parvis de la messe. Pas pareil.

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  3. > Didier,

    pas lu Le PRemier cercle, j'avoue humblement que ce n'est que mon second Soljenytsine (le premier étant Ivan Denissovitch). Retournez-y voir, comme vous dites ;)


    > Polydamas :

    Ben alors, t'as jamais lu dans les bouquins du XVIIe siècle, les jeunes garçons qui essaient de donner de l'eau bénite dans le creux de leur main à toutes les jouvencelles qui passent ? Les histoires de jeux de regard au moment de l'élévation, quand Maman et Papa baissent la tête et que la jeune fille jette un regard furtif vers le jeune homme ?

    Quand je dis que le XVIIe siècle, c'est plein de rigolades, même la messe :)

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  4. "la messe est un haut lieu de drague pour les jeunes en mal d'âme soeur."

    Eh oui. A l'époque, les bistrots étaient mal vus, voire interdits aux dames (voir Lucky Luke) - et l'offre de divertissements mixtes était par ailleurs plus limitée qu'à présent.

    Cf. (à l'attention de Polydamas aussi) "La Guerre des boutons" de Louis Pergaud, où les filles de Longeverne matent Lebrac le lendemain de la rossée qu'il a subie, afin de voir comment il tient le choc, alors que tout le village assiste à la messe.

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  5. > DF :

    ah oui, excellente scène (et excellent bouquin, soit dit en passant).

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  6. Eh bien, bon courage pour la thèse, je compatis, comme vous vous en doutez!

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  7. "la paix du christ" un moment de drague ? çà ne m'est jamais venu à l'idée ; zut, trop tard maintenant !

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  8. Que les filles matent Lebrac, c'est dans l'ordre des choses. Mais pendant la messe, tout de même...

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  9. Et c'est aussi pendant la messe que Pétrarque en 1327 tombe raide dingue de Laure.Il s'en étonne encore bien des années après: Tempo non mi parea da far riparo contra colpi d'Amor...
    Au passage, très joli blog. Merci!

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  10. Artémise : de nos jours, c'est le sud de l'Autriche qui est occupé par l'Italie. Est-ce vraiment mieux? Hé hé hé.

    Nelly

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Soyez gentils, faites l'effort de signer votre message - ne serait-ce que dans le corps d'icelui, si vous ne voulez pas remplir les champs destinés à cet effet - c'est tellement plus agréable pour ceux qui les lisent...