Ma soeur aînée, ingénieur, a un super travail très haut placé qui lui permet, à tout juste trente ans, de gagner des tas de sous comme la plupart d'entre nous n'en pourront même pas rêver.
Mon beau frère aussi, gagne des tas de sous, mais moins.
Souvent, quand les gens savent ça autour de nous, il y a des réactions outrées.
Cela s'outre d'autant plus quand ils apprennent que ma soeur, deux enfants - huit et quatre ans - travaille énormément et que c'est son mari qui assure beaucoup de choses à la maison.
Ma soeur attend son troisième enfant et déjà j'ai entendu plusieurs personnes me dire que maintenant elle allait bien être obligée (oui oui, obligée) d'arrêter de travailler ou alors de ralentir de beaucoup son activité.
Alors NON, messieurs-dames, elle ne fera rien de cela. Le papa gère déjà admirablement bien et personne parmi nous (les parents et soeurs) ne voyons pourquoi sous prétexte d'un troisième enfant elle devrait renoncer à sa place. Ou alors c'est une question métaphysique (genre le troisième enfant doit obligatoirement avoir sa mère au foyer, sinon il deviendra militant à la LCR ?), je ne sais pas ?
Et parce que ça semble un peu dur à la comprenette, je republie ce que j'avais écrit il y a quelques mois et qui m'avait valu une volée d'insultes (que j'avais censurées joyeusement, je suis pas maso non plus).
Et comme la base de la pédagogie, c'est la répétition, on va espérer que ça soit bénéfique.
Pour bien donner une idée de ma position sur la question, une petite histoire.
Il se trouve que, dans le mouvement scout où j'ai traîné longtemps mes guêtres, il y a ce que l'on appelle les Guides Aînées, le pendant féminin des Routiers. En gros, c'est ce qu'on fait après avoir été guide (ou scout) et avant de devenir cheftaine (ou chef). J'ai été, pour ma part, dans un groupe, où, grosso modo, on vous expliquait que votre rôle à venir, c'est bonne soeur ou mère de famille. Ou, éventuellement, laïque consacrée. Point final.
Tout cela s'accompagnait d'un enseignement assez éléphantesque (dans sa subtilité autant que dans sa quantité) sur l'éducation à l'affectivité - id est, en quatre mots : pas avant le mariage. À une époque où je m'apprêtais à entamer des études longues en commençant par une prépa, j'aurais préféré peut-être entendre des choses sur le savoir et son rôle dans la foi, sur le rôle des études et de la connaissance dans la vie d'une femme, mais bon, il ne faut pas trop en demander.
Malgré tout, l'année que j'ai passée aux Guides Aînées fut plutôt agréable et se termina ma foi fort bien par un pélerinage entre Pérouse et Assise, qui reste un des événements marquants de ma fin d'adolescence.
La fin de l'année fut marquée par ce qui s'appelle les prises d'engagement chez les Guides Aînées. En gros pour les non-initiés, c'est là où on s'engage à suivre dans toute sa vie les principes scouts (esprit chevaleresque, sens du service, etc, etc). C'est là que ça devient intéressant pour mon propos.
Chez les routiers, la prise d'engagement se fait par un cérémonial magnifique et se termine lorsque le nouvel engagé quitte le cercle où il vient de renouveler sa promesse face aux autres, et part, après avoir reçu un bâton de marche et une bible, seul dans la nuit pour une marche, exercice à la fois physique et spirituel, de plusieurs jours, en solitaire. Les paroles sont belles et solennelles. Elles appellent à l'élévation, au dépassement de soi.
Pour les guides aînées, les filles, donc... la cérémonie est bien plus courte, assez gnangnan et se termine... lorsque les filles se réunissent au coin du feu en veillée prière.
Super, n'est-ce pas ? Excessivement excitant !
Avec le recul, j'ai retiré de cela et de bien d'autres choses, l'idée que le problème, c'est que l'Église ne sait pas trop quoi faire des femmes. Oui oui, je sais bien, la Vierge Marie et les saintes femmes... mais si j'ai bien compris, la Vierge Marie, il n'y en a eu qu'une, il n'y en aura pas d'autres. Et chez les saintes femmes, on met en valeur soit leur martyre (et leur vertu), soit à l'inverse, leur "virilité", chez les abbesses et autres grandes dames (Thérèse d'Avila, Hildegarde de Bingen, etc).
Un autre exemple ? Une fois, un site catho que je ne nommerai pas mettait en lien un site destiné aux femmes catholiques, "Sentinelles de l'invisible". En lien avec la pastorale de l'Eglise sur le rôle des femmes dans la transmission de la spiritualité dans la famille et dans le monde.
Je me suis dit Ah, tiens, chic alors, enfin un truc intéressant, du genre à vous faire réfléchir sur votre rôle de femme. Je trouvais le titre particulièrement bien trouvé.
Ben non. Les Sentinelles de l'invisible, sur ce site, elles s'échangent des tuyaux pour acheter des pelotes de laine 100% coton (qui passent mieux à la machine) et des bocaux de cuisine avec 50% de réduction.
Voilà. Le rôle des femmes, c'est le bon plan tricot et tupperware. Sors pas de la cuisine ma fille, tu vas t'enrhumer le cerveau si tu réfléchis.
Je n'irai pas jusqu'à dire, comme on peut parfois le voir, que les femmes sont des membres de seconde zone de l'Église catholique. N'empêche que. Il y a des choses sur lesquelles ont peut s'interroger.
Quand j'étais petite, je voulais être prêtre. Et puis ma mamie m'a expliqué que je pouvais seulement être religieuse. Mais je veux prêcher, disais-je ! Tu pourras aller en mission en Afrique (ma mamie a connu les colonies, on ne va pas la refaire) ou entrer chez les Ursulines, là tu pourras enseigner. Mais je veux prêcher à l'église, moi. Bah non. Pas touche. Il fallait naître homme.
C'est de la jalousie de bas étage, je vous l'accorde. Qui me travaille lorsqu'il m'arrive de m'ennuyer ferme pendant l'homélie du dimanche, lorsqu'un prêtre aux piètres capacités d'orateur enchaîne phrases pompeuses et vides en guise de sermon, du style curé dans Les Langages hermétiques des Inconnus - "et il n'est même pas fichu de faire trois parties", m'arrive-t-il de grincer avec peu de charité. Car je suis bien consciente de manquer cruellement et d'humilité et de charité en ces moments. N'empêche que le "je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en faire autant" est une tentation.
De fait, le sacerdoce féminin ne fait pas partie de mes chevaux de bataille. Je préférerais que l'on travaille d'abord un peu plus en profondeur à l'éducation catholique des femmes - un peu plus de mise en avant de l'intelligence, du savoir et de la réflexion (ah, ces gamines qui avouent encore avec fierté connaître le Salve regina par coeur, mais ne comprennent pas le latin) un peu plus de considération pour le travail féminin, un peu moins de gnangnan et un peu plus d'élévation, ce ne serait déjà pas si mal.
Je m'agace régulièrement de certaines personnes qui voudraient absolument faire de l'élevage des gosses la seule gloire d'une femme. Oui, c'est bien, c'est noble, c'est tout ce que vous voulez, mais on peut difficilement dire que c'est franchement excitant pour tout le monde. D'ailleurs, si c'était si épanouissant que ça, la plupart des hommes de familles cathos-BCBG pleins d'enfants (mais pas seulement hein : on peut très bien être un mufle sans cela) se hâteraient un peu plus le soir pour rentrer avant que Madame ne se soit chargée toute seule du bain, des couches, du dîner, du ménage et du coucher.
Ensuite, j'aimerais bien qu'on m'explique en quoi c'est forcément mieux pour un enfant d'être élevé par une mère au foyer qui l'aurait allaité toute son enfance. Que je sache, je ne crois pas que Louis XIV ait été allaité et torché par Anne d'Autriche, ça ne l'a pas empêché 1. d'adorer sa mère et 2. de réussir pas trop mal dans sa vie. Cette configuration, à savoir la mise en nourrice des enfants, concerne l'écrasante majorité des enfants des franges supérieures des sociétés de l'époque moderne (noblesse d'abord, puis bourgeoisie plus ou moins modeste par imitation), et ils n'en sont pas tous morts, pour autant que je sache.
Oui, les médecins et les pédiatres s'accordent à dire que physiologiquement, cela peut être mieux pour un enfant d'être allaité pendant au moins six mois après sa naissance. Pour la mère, cela participe aussi de sa récupération (perte de poids, etc). Mais pour celles qui n'ont pas de lait ? Qui ne veulent pas (ne peuvent pas) allaiter ? On a toujours su se débrouiller autrement sans engendrer de catastrophe démographique, alors foutez-nous la paix avec ces histoires d'allaitement et de mère au foyer.
Enfin, beaucoup de femmes font des études. Ce n'est pas pour se retrouver aide-ménagère gratuite. Dans mon entourage, il y a des femmes professeurs de lettres classiques, ingénieurs, polytechniciennes, médecins... qui veulent avoir des enfants, les éduquer, en faire des êtres à part entière avec des valeurs, de la culture... mais qui n'ont pas forcément l'intention de renoncer aux plusieurs milliers d'euros par mois auxquels elles peuvent aspirer. Beaucoup disent que c'est de l'égoïsme de mères dénaturées. Et là non plus, je ne vois pas bien ce que vient foutre l'amour maternel là-dedans.
Pour ma part, je travaille pour l'argent, comme tout le monde, en fait. Si je pouvais être rentière, croyez-moi, je serais la première à ne plus en foutre une rame. Sauf que je ne me transformerais pas, je ne me transformerai jamais, en aide-ménagère gratuite. Car je ne considère pas que changer des couches et faire des lits soit une vocation et une fin en soi. Que ça soit essentiel et qu'il faille bien en passer par là, d'accord. Que l'on veuille y échapper si on en a la possibilité ne me paraît pas être le comble de la monstruosité.
Malheureusement, quoi qu'on fasse, on fera le mauvais choix. Tu veux t'arrêter de travailler ? Tu es une feignasse attardée entretenue par un homme. Tu veux faire des enfants, prendre ton congé maternité ? Tu es une traître à la cause, une pondeuse indigne du monde du travail. Tu veux travailler alors que tu as des enfants ? Tu es une salope égoïste, une mauvaise mère, tes enfants finiront drogués et prostitués, voire pigistes au Monde diplomatique.
Mais merde à la fin. On ne peut pas avoir le choix ?
Tu as raison, ça va mieux en le disant et en le répétant !
RépondreSupprimerJe crois que j'avais déjà fait référence au bouquin "l'amour en plus" d'Elisabeth Badinter, mais pouf je le recase ici (j'ai UNE référence, je l'exploite jusqu'à la corde, comme on m'a appris :))
Je me rends compte que, comme je gagne déjà un peu plus que l'Homme, je finirai sûrement par entendre ce genre de remarques... j'ai déjà à peine réussi à mettre les points sur les i concernant les enfants ("non, c'est pas parce que je suis mariée que dans neuf mois, ce sera in ze pocket, j'ai le droit d'attendre, perso, à deux on est bien aussi"), bam, il faut que je me prépare à la prochaine étape !
Ah oui, ça, la question des enfants, ça fait partie des grands moments de la vie du couple de jeune marié qui va dans le monde... j'ai une amie qui dans ces cas là disait qu'elle était stérile, ça jetait un gros froid... (elle en a maintenant trois :))
RépondreSupprimerL'amour en plus, je l'ai lu aussi, c'est vraiment pas mal du tout. Le seul élément qui me gène un peu c'est qu'à mon sens, Badinter confond sentiment maternel et expression de ce sentiment, et je crois qu'elle a tort d'estimer qu'avant le XVIIIe siècle ce sentiment d'amour n'existait pas.
Les portraits de femmes et d'hommes avec leurs enfants démentent à mon avis son propos.
Néanmoins oui c'est un très bon bouquin - j'ai lu aussi récemment son truc sur La femme et la mère, qui vaut le détour. On n'est pas aussi obligé de tout trouver juste, mais il y a du bon (et ça fait toujours du bien )
Mais moi, c'est mon rêve de toujours, d'avoir une femme qui gagnerait plus que moi ! Malheureusement, je suis tombé sur une qui est encore plus fainéante que je ne le suis moi-même…
RépondreSupprimer> Didier,
RépondreSupprimerEn tout cas, de mon côté, c'est foutu, car avant qu'un prof gagne plus que quelqu'un, y'a de la marge ! aussi j'ai épousé un mari très riche...
Le problème de beaucoup de trucs sur la femme chez les cathos, c'est de tout voir avec un certain simplisme... Genre de ne voir la maternité que dans l'accouchement et les petits bébés... Puis-je conseiller le bouquin du père Daniel-Ange, sur la femme sentinelle de l'invisible ? Il ne répond pas, c'est vrai, aux questions sur la place de la science et du travail dans la vie d'une femme. En revanche, il est passionnant en ce qui concerne les rapports de la femme à elle-même, aux autres... En particulier sur les formes multiples de la maternité, pas seulement gazon-gazou..
RépondreSupprimerEdel.
> Edel,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour la référence, je ne connaissais pas.
Ce qui est drôle dans tout ça, et ce que vous soulignez, c'est que ce sont souvent ces mêmes cathos réacs qui s'offusquent de la théorie du genre alors que c'est dans ce genre de milieu qu'elle est le plus évidemment à l'oeuvre. C'est à dire, femme = enfants, bébé, aime les petits petons et faire gazou gazou, porte des jupes plissées (alors que homme = grand, viril, argent, etc).
la place de la connaissance et du travail chez les femmes, c'est une question délicate et on ne peut pas reprocher à un livre de ne pas tout traiter. Je trouve quand même dommage que ça soit si peu abordé.
"j'ai épousé un mari très riche... "
RépondreSupprimerIl était déjà marié quand vous l'avez épousé ?
(y pud'religion....)
> Suzanne,
RépondreSupprimerah oui non effectivement :)
j'ai épousé un homme très riche, voilà ! c'est mieux comme ça !
Pareil que vous, je suis prof, il va être médecin, nous sommes sauvés! (Dommage, il me disait l'autre jour qu'il se verrait bien père au foyer :D) Bon et sinon, votre soeur a le bidou qui s'arrondit? hiiiiii! (cf billet du 18 juillet pour ceux qui me prendraient pour une hystérique). Félicitations à elle en tout cas, non seulement pour ses enfants, mais aussi pour sa belle carrière.
RépondreSupprimerJe crois que dans l'absolu, on se verrait tous parents au foyer... si seulement il y avait moyen de gagner des sous sans rien faire !
RépondreSupprimerpour ma soeur, elle en est à deux mois donc on ne voit encore rien ;)
je suis comme vous, j'aime pouvoir féliciter une femme pour sa carrière ET la réussite de sa vie privée, on le voit si peu...
ça me fait penser à une anecdote lue dans les mémoires de Louise Weiss (fille de Paul, ingénieur et politique). Elle apprend à son père qu'elle vient d'obtenir l'agrégation à 21 ans (on est en 1914), ce dernier lui répond :
"j'aurais préféré que tu m'annonces que mon petit-fils venait d'être reçu à Polytechnique".
Malheureusement, il est bien des milieux où cette façon de penser est encore très en vogue...
C'est marrant, la dernière fois votre billet sur ce thème avait provoqué des débats passionnés et là c'est nettement plus calme.
RépondreSupprimerPar contre je ne comprends pas comment madame votre soeur attend son premier enfant en en ayant déjà deux de quatre et huit ans. Mon esprit mathématique reste perplexe (à moins qu'elle ne soit dans Z/2Z puisqu'elle est ingénieur).
Sinon, c'est vrai que rentier c'est une belle situation. On ne dira d'ailleurs jamais assez que "femme au foyer" c'était plutôt un luxe au temps où on trouvait encore des domestiques. Mais aujourd'hui ce n'est plus ce que c'était.
Il faudrait demander à vos interlocuteurs si il n'arrivait jamais à Marie de tenir l'échoppe de son mari quand il était occupé sur un chantier.
PS: cette reprise rend encore plus impatient d'avoir la suite de la saga de l'été. Nous servirez-vous un portrait de Marat, de Danton, de Babeuf?
RépondreSupprimer> Naïf :
RépondreSupprimerouh la boulette, merci de me l'avoir signalé !
bien vu, le coup de Marie !
pour la saga révolutionnaire, y'en aura normalement un autre demain ou après demain, promis. J'essaierai de me tenir à un par semaine.
"Le papa gère déjà admirablement bien et personne parmi nous (les parents et soeurs) ne voyons pourquoi sous prétexte d'un troisième enfant elle devrait renoncer à sa place."
RépondreSupprimerL'avantage d'être (national-)anarchiste, c'est que ce genre de questionnements est facilement réglé : chaque couple fait ce qu'il veut, comme il le veut, aussi longtemps qu'il le veut, aussi longtemps que 1) ça ne porte pas atteinte aux intérêts de l'enfant (ce qui exclut bon nombre de divorces), et 2) que ledit couple ne se mette pas en tête de convertir le reste de l'humanité à la méthode qui a si bien marché pour eux (ce qui condamne l'ensemble des gauchistes au catapultage).
> Anthony,
RépondreSupprimerAh mais pour ma part, je connais des tas de gauchistes tout à fait respectueux des choix des autres et qui ne se mêlent jamais des affaires privées des autres couples.
Beaucoup de remarques concernant le choix de vie de ma soeur viennent d'un milieu très CSP+ ou aspirant à l'être, souvent de femmes (parfois avec enfants et qui travaillent, en plus ! un comble).
le premier truc que j'ai retenu de la formation catho au mariage, c'est le mot d'accueil du prêtre qui s'occupait de notre groupe : "surtout, soyez discrets ! et mêlez-vous de ce qui vous regarde !". La discrétion (qui va de pair avec le respect) est une vertu qu'il est urgent de répandre à nouveau dans les esprits.
Personnellement, je me verrais assez bien père au foyer, mais sans enfant.
RépondreSupprimerRetraité, quoi.
Et les hommes ils ont le choix ?
RépondreSupprimer> Didier
RépondreSupprimerExcellent !
> John,
lors de la première publication la question avait déjà été posée... je vous copie colle la réponse qui avait été donnée par une lectrice :
dans mon milieu professionnel, les collègues masculins de ma génération font de plus en plus fréquemment part de leurs difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle. Pourtant, eux aussi ont le choix : "Entre autres celui de vous tuer au travail sans avoir d'enfants, comme celui de travailler à temps partiel et d'en avoir." Ils ont même le choix de sélectionner une épouse qui assurera l'intendance, et leur permettra se de tuer au travail ET d'avoir des enfants.
Curieusement, dans leur cas à eux, on ne parle jamais de jérémiades.
On trouve ça touchant. Mr Duchef, qui plante là son service pour aller chercher les petits à l'école bénéficie d'une image moderne dont je n'ai jamais vu bénéficier Mme Lachef, dont on dira dans la même situation qu'elle gère encore un pépin de mère de famille (avec petit soupir exaspéré ou apitoyé, selon les cas). Et si, visiblement, Mr Duchef n'en fiche pas une rame à la maison, on considère que c'est un choix de couple - personne ne se permettant en général de considérer qu'il est mauvais père ou époux.
C'est là qu'il est, le problème, dans le fait que tout le monde, son âne et son concierge s'attribue le droit et la compétence de juger les choix des femmes! Regardez à quel point, dans un autre domaine, le débat sur la laïcité s'ancre autour du corps des femmes - la barbe, ça pose moins de pb que le voile!
Ceci posé, on a la chance d'être nées à une période où l'on a des marges pour renvoyer le monde (ainsi que l'âne et le concierge) dans les cordes. C'est à sa propre culpabilité vis à vis de la "non conformité" au modèle qu'il ne faut pas céder. Prendre conscience que le modèle a des exigences inconciliables entre elles aide. La solidarité entre femmes aide aussi - à commencer par l'hygiène mentale qui consiste à s'interdire d'entrer dans ce type de jugement.
Et si vous pouviez entendre ce qu'entend une femme qui a choisi de ne pas avoir d'enfants...
RépondreSupprimerAu fait : un mari riche, ça se trouve où ? Merci du tuyau !
Évidemment, fallait que la théorie du genre ressorte dans cette discussion... Enfin, je suppose que la voir sortir dans une discussion sur la condition féminine en 2011, c'est comme, en 1890, discuter de la condition ouvrière et voir l'ami Marx sortir du bois... Grrmmbl.
RépondreSupprimerEdel, qui va passer pour une vilaine catho reac parce qu'elle n'aime pas les gender studies (franchement, on commence tout juste à se débarrasser du prisme marxiste, est-ce pour en prendre un néo-marxisant type lutte des genres à la place de la lutte des classes ?), et qui espère que les gens qui liront le bouquin qu'elle a conseillé sauront ne pas se focaliser sur les pages qui vont dans le sens des préjugés sur les cathos reacs...
Charabia incompréhensible... Comme quoi même dans les milieux "cathos" les conneries féministes ont fait des ravages...
RépondreSupprimerQui parle de jérémiades quand une mère va chercher son enfant à l'école ? Tous les hommes acquiescent. Vous savez, eux aussi ont une mère... et jusqu'à preuve du contraire quand ces salauds d'hommes se faisaient percer la panse dans les tranchées malsaines et boueuses de 14-18 leur premier cri était « maman ».
Alors oui les hommes, aiment les femmes autant qu’ils aiment leur mère, ce lien complexe fait d’honneur, de virilité et de foi vous ne le comprendrez jamais car vous êtes des femmes… Acceptez-le. Mais de grâce cessez de vous comparer. Vous n’y comprenez que dalle.
Vous n’avez pas plus le choix que nous l’avons. Faites plein de petits Français, trouvez l’homme assez fiable pour ce faire, voilà la seule issue… Mais ne conservez pas de vieille haines recuites et absurdes contre le patriarcat , toutes ces fadaises suintés par l’école de Francfort… Vous valez mieux que ça
> France Hélène,
RépondreSupprimerpas sous le sabot d'un cheval, je le crains ! enfin, si, mais un riche et supportable, c'est rare. Le mien, par exemple, en est un, mais je le garde, désolée. :)
> Edel
Ah mais je comprends tout à fait qu'on puisse avoir des réserves sur la théorie du genre (si si, il y a un nom français). Pour ma part, j'estime par exemple qu'il s'agit d'une théorie que l'on peut facilement valider par un peu d'observation : rapidement, oui, on peut s'accorder à dire qu'il y a quelque chose de culturel/social qui "prolonge" et accomplit le sexe de naissance. En gros, je suis devenue une femme, parce que je suis née ainsi, mais aussi parce que j'ai vu ma maman se maquiller, s'occuper de ma petite soeur, que sais-je encore.
Autre exemple, dans ma thèse, j'étudie la place des femmes, nées femmes par "nature", mais dont les espaces, les rôles, les mouvements, sont aussi régis par des conventions sociales et culturelles. C'est cela qui est intéressant dans le genre.
Ce qui est discutable, c'est l'interprétation délirante sur le mode "tout est culturel, tout est une question de choix personnel". Evidemment, là, ça ne tient plus. Heureusement, les tenants de cette théorie poussée à l'extrême sont rares. Malheureusement, ce sont toujours eux qui sont mis en valeur.
> John,
Les "jérémiades" faisaient allusion (je n'ai pas tout copié, c'est vrai) au fait que chaque fois qu'une femme s'énerve du regard porté sur son choix de vie et de la difficulté de s'occuper de son boulot et de ses enfants, on lui reproche de se plaindre. Alors qu'un homme qui fait la même chose, on trouve ça normal voire attachant.
Pour ma part je n'éprouve aucune haine envers qui que ce soit.
Ah, l'argument de "vous n'y comprenez que dalle". Ce serait drôle si ce n'était pas aussi révélateur d'un manque d'argument criant.
Mon pauvre ami, les hommes que j'étudie dans ma thèse, sont des hommes autrement plus virils, pleins de foi et de courage, que n'importe qui au jour d'aujourd'hui. C'était des types, encore une fois, capables de supporter une opération de la fistule sans desserrer les mâchoires.
Le courage humain, je sais ce que c'est.
Aucun homme d'aujourd'hui n'arrive à leur cheville dans ce domaine. Quand vous serez remonté à leur niveau, alors seulement vous vous permettrez de porter des jugements sur le mode "vous y comprenez que dalle".
Pour le moment, c'est toujours pas vous qui accouchez, c'est toujours pas vous qu'on regarde d'un oeil torve quand vous ne voulez pas d'enfants, c'est toujours pas vous qu'on met au placard au retour de congé maternité, c'est toujours pas vous qui vous faites conspuer parce que vous voulez partir à 18h30 du travail pour aller chercher les enfants, c'est toujours pas vous qui faites face au chômage parce que les entreprises ne veulent pas de femmes avec enfants.
Rien à voir avec de la haine. Juste de la lassitude de devoir se battre sur tous les fronts. De voir que les enfants ne sont pas acceptés, voire de moins en moins, dans notre société française. C'est plus de la tristesse que de la haine.
Mais je n'y comprends probablement que dalle.
Pour la théorie du genre : au moment où on en a un peu parlé, i.e. au moment où dont sortis les manuels de bio de première (pour faire simple), j'ai, de prime abord, et parce que j'avais des a priori favorables sur, disons, le versant historique des études de genre, (et que la réaction hystérique des cathos reacs m'agaçait, faut bien dire), pensé comme vous : c'est pas parce que des tarés éduquent leurs enfants sans leur dire s'ils sont garçon ou fille qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain (pour prendre des comparaisons en rapport avec me sujet initial du post, savoir comment concilier travail et vie de famille)... Et puis, parce que, chez les cathos, ya pas que les reacs qui se méfient, j'ai regardé de plus près. Pourquoi rale-t-on contre un concept intellectuel qui permet des études si poussées ? Et j'ai fait tourner mon petit cerveau. Et j'en suis arrivée à la conclusion que le problème n'était pas dans le fait qu'il y a quelque chose de culturel dans l'expression de la féminité et de la masculinité, mais dans le fait qu'au départ, à la naissance, selon la théorie du genre, la société distingue, selon le sexe, genre dominant (monsieur) et genre dominé (madame). D'où les liens entre études de genre et subaltern studies (si vous avez une traduction, je veux bien), et aussi les délires type "détruisons le genre pour détruire les inégalités). D'où ma méfiance vis-à-vis d'un prisme intellectuel qui repose sur le conflit et les luttes de pouvoir.
RépondreSupprimer> Edel (j'imagine que c'est vous ??)
RépondreSupprimerVous avez parfaitement raison. Ce n'est pas parce qu'une théorie peut servir qu'il ne faut plus jurer que par ça.
Sur votre conclusion, il faut quand même noter une chose : on peut difficilement nier qu'il y a dans les civilisations des rapports de domination d'un sexe sur l'autre. Lisez par exemple les romans de W. Wilkie Collins, c'est édifiant sur la condition (juridique, sociale, culturelle) de la femme dans l'Angleterre victorienne. Sur la domination féminine, penser aux exemples de sociétés matriarcales très bie nétudiées par les anthropologues.
MAIS reconnaître que cette domination a pu exister ne signifie bien entendu pas que
- c'était l'enfer pour ces gens-là
- qu'il n'y avait pas des interstices sociaux pour atténuer les effets de cette domination
- que c'est le SEUL prisme possible pour comprendre une société.
- que toute "inégalité" (ou du moins vue comme telle) doit nécessairement être combattue pour le bien de tous.
Quand j'entends "le bien de tous", je pense toujours à la secte du film Hot Fuzz - si vous ne l'avez pas vu, dépêchez vous de la voir ,c'est une comédie hilarante. C'est dire si le concept du "bien de tous" me fait en général bien marrer.
Oups, oui, j'ai oublié de signer, je présente mes excuses à la compagnie...
RépondreSupprimerOui, il y a des rapports de domination d'un sexe sur l'autre. De même que (pour prendre un ensemble de théories comparables) il y avait des rapports de dominations d'une classe sur l'autre (traduire, bourgeois vs ouvriers) en 1890. Quant à l'Angleterre victorienne, j'ai lu je ne sais plus où que c'était une société de type sado-masochiste (on a le droi de penser ce qu'on veut de cette théorie que je ne fais pas mienne, hein). Néanmoins, ce genre de prisme est réducteur, car on ne peut limiter les relations humaines à (à gros traits) la loi de la jungle, la lutte pour le pouvoir, la recherche de la domination, dont on ne peut évidemment nier l'existence ! En tous cas, mon optimisme s'y refuse (je perdrai peut-être ma crédibilité si je dis qu'au fond, c'est ma foi en la grâce de Dieu qui s'y refuse, mais qu'importe ? Je me refuse à faire passer pour une option philosophique ce qui est un choix religieux, en l'occurrence même un acte de foi).
Edel
> Edel,
RépondreSupprimerAlors là, je crois que je vais être un peu plus pessimiste que vous... je crois malheureusement que les logiques d'intérêt sont souvant dominantes dans les relations humaines. J'ai beau essayer d'être optimiste, je crois de moins en moins à la philanthropie en ce bas monde.
Les femmes au boulot, les hommes au bistrot!
RépondreSupprimerLes logiques d'intérêt priment dans les relations humaines ? Dans nos sociétés occidentales où on a tout le confort, oui... Et même ailleurs, oui encore. Quiconque a un minimum de culture sait combien l'homme peut être monstrueux. Rien qu'à regarder les boucheries du XXe siècle, il y a de quoi désespérer, au sens fort du terme. Et en même temps, ce sont dans les pires horreurs que l'on trouve quelqu'un qui brise la logique dominant/dominé, par idéal ou par amour : un Las Casas rendant leur dignité aux Indiens, un Martin Luther King faisant de même pour les Noirs, un Don Bosco ou un Jean-Baptiste de La Salle éduquant les enfants pauvres (quelle que soit la postérité de leur oeuvre), un Albert de Mun oeuvrant pour la classe ouvrière, une Mère Teresa ramassant les mourants de Calcutta, un Maximilien Kolbe qui obtient -dérisoire victoire, certes, mais qui déjà brise la logique de puissance, et, pour le bénéficiaire, une différence vitale- de donner sa vie à la place d'un père de famille... je m'égare, je le crains ; censurez mon optimisme béat si vous le souhaitez, et pardonnez mes commentaires qui s'eloignent du sujet initial du post. Quoiqu'il en soit je vous remercie de vos réponses qui m'ont permis de préciser les motifs de ma méfiance vis-à-vis des théories du genre.
RépondreSupprimerEdel
> Edel,
RépondreSupprimerles exemples que vous citez sont malheureusement, je crois, des exceptions qui confirment la règle.
Autour de moi, je remarque de plus en plus de gens qui sont prêt à faire virer l'autre parce qu'ils ont manqué l'affaire de leur vie dans leur entreprise, qui promettent et ne tiennent jamais dès qu'il s'agit de se mouiller vraiment, qui refusent de prendre leurs responsabilités...
Rares sont les personnes vraiment désintéressées.
En revanche, j'ose espérer que nous sommes plusieurs à essayer de faire de notre mieux. Mais la gentillesse, la vraie, est aujourd'hui plus méprisée que valorisée.
En une journée, déjà 30 commentaires... tu cherches à battre des records ? ;-)
RépondreSupprimerNe t'en fais pas, on est au moins deux à être d'accord, avec mon chéri on est déjà d'accord que c'est lui qui ira à la crèche le soir. Pas déconner non plus...
l'histoire de votre soeur correspond un peu au modèle de ce quej'aurais souhaité rencontrer dans ma vie : je vous rassure hein, depuis le temps que je suis seul dansla vie, j'ai perdu toute forme de désir de couple ou de progéniture. mais jeme suis amusé dans un article à dire ce que j'aurais pu souhaiter, ce qui me correspond... ne correspondant pas en sensibilité au modèle virile et qui me vaut moult rejet dans la vie sociale et professionnelle (étant chômeur depuis dix ans à plus de quarante ans, je n'ai d'ailleurs jamais eu de circonstances propices à imaginer pouvoir développer une carrière professionnelle...)
RépondreSupprimerbref en gros
moi le modèle inverse du modèle en vigueur, à savoir l'homme domestique s'occupant des travaux domestique, de l'éducation des enfants et n'ayant pas de carrière professionnelle ni d'ambition, ça me va à ravir.
l'ennui, c'est que j'ai pu constater combien c'est méprisé par toutes les femmes que j'ai croisées dans ma vie. quant aux hommes, ben c'est simple : je n'ai pas de complicité masculine parce qu'ils ne m'intéressent pas, voire, ils m'emmerdent carrément.
bon, mon article est ici :
des enfants : comment ça ?
http://dansedeplume.lescigales.org/spip.php?article85
pour ce qui est de la théorie des genres, j'y suis très sensibles depuis forts longtemps, et comme par hasard, je suis complètement intoxiqué par les idéologie du genre marxisme et féminisme réunis
donc bon...
j'vais pas insister...
Paul
Artémise,
RépondreSupprimerJe suis le papa de quatre rejetons avec mon épouse nous partageons tous dans l'éducation des enfants et affaires ménagères sauf le repassage,là c'est génétique, je sais pas et je suis toujours admiratif devant une chemise bien repassée depuis je suis toujours en t-shirt.
Participez aux taches ménagères me fut bien utile quand mon épouse fut hospitalisée à plusieurs reprises.
Je ne me sens pas diminué dans ma virilité car j'ai essuyé les fesses de mes enfants, je les amenais à la crèche pour le retour idem.
Je fais les courses, un avantage je peux rester2 heures devant le rayon bière en racontant au retour qu' il y avait une queue de 15 mètres de long à la seule caisse ouverte.
J'allais aussi chez le pédiatre et je fus souvent accueilli comme un intrus par le personnelle féminin qui ne comprenait qu' un homme puisse s' occuper de sa marmaille.
Voilà pour mon expérience personnelle désolé de parler de moi mais c'est du vécu.
J' ai lu quelque part que: " L'égalité des femmes sera totale quand une femme totalement incompétente occupera un poste a hautes responsabilité"; il me semble que ce concept a existe avec une certaine Daty au ministère de la Justice
"l'Église ne sait pas trop quoi faire des femmes." dites-vous. Mais personne, nulle part ne sait trop quoi en faire, pas plus l'Eglise catholique qu'autre chose. Partout, leur présence pose problème, nulle part leur présence est vraiment légitime. A part à la maison, évidemment, en cuisine et à s'occuper d'enfants.
RépondreSupprimerFloréale
j'arrive après la bataille parceque je ne découvre le blog qu'auj (suite à une errance sur le net) mais je voulais juste approter un petit témoignage de femme qui travaille (je suis architecte, libéral, et dirige un cabinet de 5 personnes en tout) et qui vit avec un homme qui s'occupe merveilleusement de nos 4 enfants + de deux autres car il est "nounou agréé" (assistant maternel on dit)...
RépondreSupprimeron a beau se fiche de l'avis des autres et des préjugés, parfois ça devient lourd à supporter, oui...
alors je souhaite une merveilleuse grossesse et une belle carrière à votre soeur et je suis émue qu'elle ait au moins un soutien familial sans faille ! c'est important !
Au plaisir de vous relire (je repasserai surement par là ;) )