Comme une sale bourge que je suis, j'ai encore cette année honteusement profité des privilèges de la caste dans laquelle je suis née – c'est-à-dire que mes parents ont acheté comme chaque année des places au Festival d'Aix, et qu'étant ce jourd'hui de passage chez eux, mon père a gracieusement cédé sa place pour que j'aille parfaire mon éducation de jeune fille de bonne famille à l'opéra avec maman.
Cette année, c'était Haendel, Acis et Galatée.
Les joies du Festival, c'est avant tout les lieux. Pour ce spectacle, c'était dans le parc d'une ancienne commanderie XVIIe siècle avec pièce d'eau et tout le toutim, y compris les inévitables machins d'art contemporains apportés pour l'occasion – cette année, c'était des loupiotes vertes dans les arbres, un truc en rapport avec les lucioles, j'ai pas bien compris mais c'était plutôt joli alors je n'ai pas trouvé à redire.
La musique, RAS. Haendel, c'est tagada tsoin tsoin, au carré, pas de surprises, que du bon et du beau. L'histoire, c'est à base de bergers (Acis, donc) qui tombent amoureux de nymphes (Galatée), et ont des tas d'ennuis parce que le monstre Polyphème veut piquer la nymphe au berger, et écrabouille donc ce dernier sous un rocher. Le berger meurt mais la nymphe le rend immortel en l'immergeant dans l'eau et le transforme en dieu-source. Ce qui sous entend que ça ne termine quand même pas super bien, mais pas trop trop mal non plus.
Les chanteurs et les musiciens étaient issus de l'Académie européenne de musique, un établissement fondé pour recruter au niveau européen des jeunes talents, le concept étant plutôt réjouissant car ça change un peu des festivals pleins de stars du milieu – j'ai rien contre les stars, notez, j'étais même en pâmoison la fois où Ruggero Raimondi est passé à deux mètres de mon fauteuil, mais je trouve plutôt sympathique de donner leur chance à des petits jeunes bourrés de talent.
Sur scène, du mouvement, de la danse, de la grâce, de l'amour, des jeux de lumière superbes, des trouvailles rigolottes et intrigantes (j'ai passé les cinq dernières minutes du spectacle à me demander « mais comment ont-ils fait » pour qu'Acis, quand il se transforme en source, se retrouve à faire jaillir de l'eau pendant tout ce temps de ses manches), un choeur bondissant et souriant qui électrise toute la scène.
Et, charme des charmes, les cigales qui font encore un peu, malgré la nuit, quelques kss kss kss à l'arrière-plan. Un truc que les parisiens n'auront jamais à l'Opéra.
Il y a de belles choses en ce bas monde.
samedi 23 juillet 2011
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As-tu finalement vu comment Acis fait jaillir l'eau de ses manches ? d:-)
RépondreSupprimer> Christophe,
RépondreSupprimernon et ça me turlupine toujours autant, si vous avez une idée, je suis preneuse !